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Appartement de Karen et Julien

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Message par Karen Walker Sam 3 Mai - 9:52

Cet après-midi-là, j'étais seule à la maison. Enfin, "maison" était peut-être un terme un peu ambitieux pour désigner le quatre-pièces dans lequel je vivais avec mon mari et nos filles, au cinquième et avant-dernier étage d'un immeuble parisien. J'adorais mon appartement et sa vue (lointaine, mais tout de même) sur la tour Eiffel, notre canapé beige, le papier peint vert clair et la cuisine en bois ouverte sur le salon.
C'était un mercredi. D'habitude, je travaillais ce jour-là, mais cette fois, j'avais pris congé pour garder May et Eva. Julien, qui ne donnait pas de cours et travaillait d'ordinaire à la maison le mercredi pour pouvoir s'occuper de nos filles, était parti en déplacement pour trois jours. Je ne savais pas où il était exactement, ni ce sur quoi il travaillait : avant de partir, il m'avait dit qu'officiellement, il partait étudier une statue romaine du IIe siècle quelque part en Allemagne, dans un musée qui venait de l'acquérir. Sauf que derrière cet "officiellement", je savais qu'il se cachait quelque chose, une enquête pour l'Organisation. Comme souvent, je ne savais pas en quoi celle-ci consistait. Julien me tenait informée de ses activités dans la mesure du possible, c'est-à-dire pas beaucoup. Je le comprenais, il mettait en jeu sa carrière de Chevalier dès lors qu'il me disait quoi que ce soit, il respectait tout de même le secret professionnel lié à son activité, et il craignait de me mettre en danger s'il me révélait certains choses. Quoi qu'il en fût, j'étais souvent frustrée de ne pas savoir où il se trouvait. En tant que séide enquêteur spécialisé dans les interventions difficiles, il lui arrivait de prendre des risques, et je détestais ça. Bien sûr, il était au service du bien de l'humanité, mais il m'arrivait de lui en vouloir de mettre en danger notre bonheur égoïste.
Mes filles sentaient que j'étais inquiète, bien que je fasse mon possible pour le cacher. Elles ne savaient rien, elles, heureusement...
J'étais en train de faire la vaisselle -l'une des pires corvées qui puissent exister en ce bas monde derrière sortir les poubelles- en surveillant du coin de l'oeil Eva qui jouait par terre aux petites voitures et May qui terminait un coloriage. Cette dernière, à quatre ans, avait une fâcheuse tendance à manger la pointe de ses feutres.
La sonnette de l'Interphone retentit. Je me séchai trois doigts pour aller décrocher sans mettre de la mousse partout et dis machinalement:
-Oui?
Je n'attendais pas de visite à cette heure. C''était sans doute un voisin qui avait oublié ses clés...
Je déclenchai l'ouverture de la porte de l'immeuble.
Karen Walker
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Message par Blandine Sam 3 Mai - 11:15

Station Vaugirard, attention à la marche en descendant du train.
Je descendis alors du train, comme les indications qu'on m'avait donné à la Confrérie. On m'avait demandé de remettre un colis à un collègue séide qui habitait rue de Vaugirard, près de la station Vaugirard. Un colis léger mais encombrant.
- Pardon, pardon, murmurais-je en sortant du wagon surpeuplé.
Il avait fallu qu'on me le donne, il y a une heure, en précisant que c'était urgent. Et me voilà, vers quatre heures de l'après-midi, à sortir essoufflée du métro.
- Alors, angle de la rue du Général Beuret, marmonnais-je en cherchant la sortie.
Enfin le panneau "sortie" m'apparaît. Je remontai les marches en courant, tout en faisant très attention à mon colis inconnu. Je marmonnais les indications que j'ai appris par coeur quand le numéro de l'immeuble m'apparut. Je ne trouvai pas l'interphone pourtant j'étais sûre qu'il y en a un. Je finis par sortir mon papier froissé pour me rendre compte que c'est un immeuble, six numéros plus loin, presque à l'angle de la rue Cambronne. Je trouvai enfin l'interphone tant désiré et sonnai.
- Oui ? me répondis une voix féminine.
- Bonjour, je ...
La porte s'ouvrit. Je la poussai, un peu intriguée de pouvoir rentrer si facilement. L'étage était heureusement précisé, je montai donc au cinquième étage, par l'ascenseur. La porte n'était pas ouverte et j'avais en face de moi trois portes peintes en gris souris. Je sonnai à celle qui était en face de moi, un peu au hasard. Ce fut une jeune fille rousse qui m'ouvrit, en sirotant un soda.
- Bonjour, je voudrais parler à Julien.
- Julien ? C'est qui ?
Je la regardai et compris que j'avais sonné à la mauvaise porte.
- Connaissez-vous Julien Walker ?
- La porte à gauche.
Sur ce, la rousse me claqua presque la porte au nez. Je sonnai à la porte indiquée.
- Bonjour, je voudrais voir Julien Walker, s'il vous plaît.
La porte s'ouvrit, encore une femme. Une brune aux yeux verts. Pas de médaille donc attention, prudence. Son visage rond me sembla très sympathique.
- Je suis une ... étudiante de Julien. En histoire.
C'est vrai que je ne pouvais pas dire à cette femme, mariée ou fiancée à ce que dit l'anneau à son annulaire, que j'étais une collègue ou amie de Julien. Je me contentai d'accompagner la phrase d'un sourire. Je remarquai que ses yeux se portent vers ma médaille : avait-elle remarquée que son mari portait la même ou la trouvait-elle juste jolie ?
- Il faut que je lui dépose un colis. Il faut que je lui remettre ...
Soudain une idée me traversa l'esprit : et si elle s'amusait, par jalousie ou curiosité, à ouvrir le colis ? Je ne connaissais pas son contenu mais je ne pouvais pas prendre le risque de lui faire involontairement du mal. Je rajoutai immédiatement :
- ... En mains propres. Il faut que je ne remette ce colis qu'à lui. Je peux entrer ?
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Message par Karen Walker Dim 4 Mai - 0:20

Contrairement à ce que je pensais, celui qui avait sonné n'était pas un voisin qui avait oublié les clés. Alors que j'étais retournée à ma vaisselle, quelqu'un sonna à nouveau, à la porte de mon appartement cette fois.
-C'est quiiii? claironna May en levant son feutre bleu vers le plafond.
-Je ne sais pas, ma chérie, répondis-je en m'essuyant les mains, laissant la vaisselle pas terminée en vrac dans l'évier.
J'allai ouvrir la porte. Sur le palier se tenait une jeune femme blonde, très grande, qui tenait un carton rectangulaire dans les bras.
-Bonjour, je voudrais voir Julien Walker, s'il vous plaît.
-A quel sujet? demandai-je, surprise que quelqu'un passe le voir chez nous. Je me rappelai toutefois qu'il était censé être là le mercredi.
- Je suis une... étudiante de Julien. En histoire.
Tiens donc, une étudiante... Il arrivait que des étudiants passent chez nous pour déposer un dossier ou discuter avec mon mari de leur thèse sur la fondation d'un village paléo-quelque-chose au Bantoustan, au grand intérêt d'Eva qui avait décrété que plus tard, elle serait archéologue. Il était tout à fait possible que ma visiteuse soit en licence d'histoire. Mais un indice tendait à m'en faire douter : elle portait au cou une médaille de saint Georges, la même que celle de Julien. Elle faisait donc partie de la Confrérie.
Il arrivait aussi que des collègues de mon mari l'appellent ou passent le voir chez nous, à toute heure du jour et de la nuit, pour lui confier une mission ou des documents. Je n'étais donc pas particulièrement étonnée.
Sauf que bien sûr, je n'étais pas censée le savoir.
-Il faut que je lui dépose un colis, poursuivit la jeune femme blonde. Il faut que je lui remette... en mains propres. Il faut que je ne remette ce colis qu'à lui. Je peux entrer ?
Mes mains sont propres, pas de problème, je suis en train de faire la vaisselle! pensai-je, sans toutefois prononcer ma vanne à voix haute.
-Oui, bien sûr!
Je m'effaçai à l'intérieur pour la laisser passer, quitte à la décevoir ensuite.
-Par contre, mon mari n'est pas là, et il ne rentrera pas avant après-demain. Il est en déplacement en Allemagne en ce moment.
Alors que j'invitais ma visiteuse à prendre place sur le canapé, je repérai un mouvement anormal dans le périmètre de la table. Ma réaction fut immédiate:
-May, non! C'est toxique, les feutres! Ca sert à dessiner, mais ça ne se mange pas ! Donne-moi ça!
Eva regardait sa soeur barbouillée de bleu autour de la bouche avec un mélange de dégoût et d'intérêt. Je récupérai le feutre, saisis la main de ma petite dernière et lui lavai le visage et la bouche au robinet de l'évier.
Non mais franchement, qu'est-ce qu'ils leur apprenaient, à la maternelle?
-Désolée, lançai-je à l'intention de l'étudiante-en-histoire. Si vous voulez vraiment voir Julien, il faudra que vous repassiez ce week-end, je pense qu'il sera rentré. Sinon, je peux garder le colis pour lui, en le mettant à l'abri des deux petits monstres...
Cela vaudrait mieux, surtout si c'était un objet fragile et éventuellement précieux que Julien devrait expertiser pour l'Organisation. Tandis que May se remettait à dessiner avec son feutre plein de bave, sans pleurer heureusement, je m'assis à mon tour sur le canapé et repris:
-Je suis surprise que, hum, l'université ne vous ait pas prévenue de son absence, mademoiselle...
Je conclus ma phrase par un regard interrogateur. Comment s'appelait-elle, au fait?
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Message par Blandine Jeu 8 Mai - 6:13

- Oui, bien sûr ! Par contre, mon mari n'est pas là, et il ne rentrera pas avant après-demain. Il est en déplacement en Allemagne en ce moment.
J'entrai, un peu hésitante. S'il n'était pas là, je pouvais laisser ce paquet et m'en aller. Pourtant, on m'avait assuré qu'il serait là. Quel idiot avait voulu me faire une blague encore ? Je m'assis sur le canapé, alors que la femme s'occupait d'une des deux filles qu'elle gardait. C'était probablement leur mère, qui s'occupait de la plus jeune, la sermonnant avec un accent anglais. La petite fille avait, bien sûr, un prénom anglais : May.
- May, non ! C'est toxique, les feutres ! Ca sert à dessiner, mais ça ne se mange pas ! Donne-moi ça !
Puis en débarbouillant la fillette sous les yeux de sa soeur, à peine plus âgée, elle s'adressa à moi :
-Désolée. Si vous voulez vraiment voir Julien, il faudra que vous repassiez ce week-end, je pense qu'il sera rentré. Sinon, je peux garder le colis pour lui, en le mettant à l'abri des deux petits monstres...
Je fus tentée de lui confier le paquet mais une mission était une mission. Je pouvais de toute façon attendre un peu sur ce canapé confortable. Si dans la soirée, Julien ne donnait pas de nouvelles, je repasserai le lendemain.
La jeune femme finit par remettre sa fille au dessin et s'assit à côté de moi.
- Je suis surprise que, hum, l'université ne vous ait pas prévenue de son absence, mademoiselle...
Ouille je n'y avais pas pensé ! Je me mordis la lèvre inférieure avant de répondre en balbutiant :
- Blandine. C'est un oubli, j'en suis sûre. On m'a bien précisé que c'était urgent et important, par contre. Julien ne rentrera pas avant ce week-end ?
J'étais là, un peu coincée. Je finis par poser le paquet à mes pieds.
- Ce sont vos filles ? Quel âge ont-elles ? demandais-je pour éviter un blanc dans la conversation.
L'appartement était confortable, clair et spacieux. J'avais peine à quitter ce canapé beige, moelleux et confortable.
- Je ne sais pas si je dois rester ou partir, avouais-je à la jeune mère. C'est vraiment important que je ne le donne qu'à Julien mais je ne vais pas vous déranger plusieurs jours dans votre salon ...
Je songeais que la Confrérie pouvait peut-être me dire où il était mais je n'allais pas le déranger en mission pour un colis. Comment choisir ? Abandonner ce colis ici à la merci de regards indiscrets ou le ramener à la Confrérie avec le risque de me faire enguirlander et le rapporter le lendemain avec le risque de devoir refaire encore une ou deux fois le trajet dans les deux sens avec le colis avant que Julien ne se décide à rentrer ?
Soudain, une petite voiture fonça droit dans ma cheville et j'étouffai un cri de protestation avant de ramasser le jouet. La seconde fillette - la plus âgée - s'approcha de moi pour récupérer son jouet.
- Tu t'appelles comment ? demandais-je à l'enfant en lui rendant la petite voiture rouge.
Elle sourit et me dit d'une gentille voix :
- Eva et toi ?
- Blandine. Joli petit bolide que tu as là, dis-je en lui frottant la tête.
Alors Eva rejoignait ses voitures, je me massai doucement la cheville. Cette petite collision me laisserait sans aucun doute un léger bleu comme blessure de guerre. Je finis par arrêter le micro massage pour m'adresser à la mère :
- Je vous dérangeais peut-être ? Peut-être avez-vous quelque chose à faire ? Je suis désolée d'arriver comme ça, vous voulez peut-être que je vous laisse madame Walker ...
Je fis alors mine de me lever et de reprendre mon colis.
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Message par Karen Walker Jeu 8 Mai - 9:03

- Blandine. C'est un oubli, j'en suis sûre. On m'a bien précisé que c'était urgent et important, par contre. Julien ne rentrera pas avant ce week-end ?
-Enchantée, moi c'est Karen, répondis-je avec un sourire. Et non, je ne pense pas qu'il rentre plus tôt, il m'a bien dit qu'il resterait trois jours sur place.
Je relevai tout de même qu'elle ne m'avait pas donné son nom de famille. Par crainte de m'en dire trop sur elle, de trahir quelque chose? Je pensai l'espace d'un instant aux nombreux films d'agents secrets que j'avais vus : si je vous le disais, je serais obligé de vous tuer...
Karen, arrête de te faire des films, me réprimandai-je mentalement.
Blandine posa le colis par terre sur le parquet, à ses pieds. Je n'étais pas très douée pour interpréter les sentiments des gens, mais il était évident qu'elle était embêtée. Et, bien sûr, elle ne me faisait pas confiance.
- Ce sont vos filles ? Quel âge ont-elles? relança la jeune étudiante.
-Hum... L'aînée a six ans, et la seconde en a quatre.
Je contemplai quelques instants mes filles qui s'étaient lancées dans une course de petites voitures à travers le salon. Je savais que j'allais passer dix minutes à récupérer les véhicules accidentés sous les meubles ensuite, mais c'était tout de même amusant de les regarder jouer. Je pouvais passer des heures à ça. Ou plus exactement, j'aurais pu passer des heures à les regarder jouer si elles avaient été capables de jouer calmement, toutes les deux, sans se disputer et sans rien casser, pendant plus de dix minutes d'affilée.
- Je ne sais pas si je dois rester ou partir, reprit ma visiteuse. C'est vraiment important que je ne le donne qu'à Julien, mais je ne vais pas vous déranger plusieurs jours dans votre salon...
Je souris franchement à cette perspective.
-Si vous voulez, je peux vous installer un matelas par terre, pas de problème. Mais je pense qu'il y a plus confortable...
La voiture que poussait Eva sortit de sa route, à savoir le bord du tapis, et termina sa course droit contre la jambe de Blandine.
-Aïe! fit celle-ci.
Eva, à peine contrariée d'avoir raté son virage, s'empressa de reprendre sa voiture.
-Eva, say sorry to Blandine! grondai-je.
-Tu t'appelles comment? demanda gentiment la soi-disant étudiante.
Je songeai que la jeune femme avait la chance de ne pas avoir d'enfants en bas âge vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui expliquait sa patience.
-Eva, et toi?
Mes filles, qui avaient appris l'anglais en même temps que le français, avaient quelques problèmes de confusion entre les deux langues, notamment la notion de vouvoiement. Je me promis d'y remédier un jour prochain.
-Blandine. Joli petit bolide que tu as là!
Ma visiteuse caressa la tête d'Eva, ce qui me fit grincer des dents : je détestais que qui que ce soit touche la tête de mes enfants. Mais cela ne sembla pas déranger mon aînée outre mesure.
Tandis que Blandine se massait la cheville, je grimaçai: mes filles étaient un peu brutales, parfois.
- Je vous dérangeais peut-être ? dit-elle comme si elle reprenait conscience de l'endroit où elle se trouvait. Peut-être avez-vous quelque chose à faire ? Je suis désolée d'arriver comme ça, vous voulez peut-être que je vous laisse, madame Walker...
Elle se leva du canapé.
-J'étais en train de faire la vaisselle, mais ce n'est pas urgent! souris-je. Julien ne rentrera pas dans les vingt prochaines minutes, mais si vous avez le temps... vous voulez boire quelque chose avant de repartir?
J'avais des scrupules à laisser partir la jeune femme comme ça, sans même qu'elle ait livré son colis à son destinataire. Et elle m'agaçait à ne pas me faire confiance, comme si je n'étais qu'une potiche sur laquelle elle était tombée par hasard et qui lui gâchait la journée. Oh, wait, for sure that was exactly her point of view. Mais si je lui disais "ne vous inquiétez pas, je ne toucherai pas à un colis top-secret de la Confrérie" ou quelque chose du même genre, elle ne risquait pas de m'accorder sa confiance.
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Message par Blandine Sam 10 Mai - 9:24

- J'étais en train de faire la vaisselle, mais ce n'est pas urgent ! Julien ne rentrera pas dans les vingt prochaines minutes, mais si vous avez le temps... Vous voulez boire quelque chose avant de repartir ?
Bien sûr que je n'étais pas pressée. En tant que jeune séide, je ne récoltais pas d'importantes missions tous les jours. Aujourd'hui, je devais seulement livrer ce paquet.
Sans le vouloir, je perçus une de ses pensées : elle pensait que je la prenais pour une potiche et que j'étais embêtée de la trouver là. C'est vrai que j'étais ennuyée mais pas de la rencontrer ni elle ni ses deux adorables filles, j'étais ennuyée de ne pas livrer ce paquet apparemment urgent. Elle pensait aussi que je n'avais pas confiance en elle. Elle n'était pas initiée à la Confrérie mais elle ne me semblait pas curieuse au point d'ouvrir ce paquet. J'étais persuadée qu'elle le rangerait dans un coin inaccessible à ses filles en attendant le retour de Julien.
- Oh, je veux bien alors. On est si bien chez vous que j'ai du mal à partir, dis-je en me rasseyant.
J'enlevais mon blouson que je posais sur mes genoux, n'osant pas l'accrocher au porte-manteau.
- Je suis confuse, je dois vous sembler ennuyée de vous rencontrer mais c'est juste qu'à l'université, ils m'ont affirmé que je devais donner ce paquet qu'à Julien et que c'était vraiment important et urgent. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous, c'est juste que je ne sais pas quoi faire de ce paquet.
Je me mis à croiser puis à décroiser les jambes. Je songeais à sa proposition de dormir ici. C'était une solution mais je savais que c'était impossible. Pour plusieurs raisons dont la règle des 3 S que je pourrai enfreindre en restant ici trop longtemps et aussi à cause de ma capacité à me métamorphoser. Avec ces deux petits monstres, je ne pouvais pas savoir si, sous l'effet de la colère, je ne me transformerai pas en félin quelconque : chat, lion, tigre ou autre risquant de causer une frayeur, peut-être mortelle, à Karen, May et Eva.
- Que faites-vous dans la vie, Madame Walker ?
Je supposai que ses filles étaient en maternelle, peut-être en première année de primaire, CP, pour la plus grande, Eva. J'étais personnellement étudiante de lettres mais j'aimais beaucoup l'histoire. J'aurais adoré pouvoir parler avec Julien, réputé très bon prof d'histoire mais je n'étais ni de sa promotion ni dans ses relations et à part cette livraison, nous n'avions aucun lien. Je faillis demander "Votre mari enseigne quelle période historique ?" mais je me rattrapai à temps en toussant.
- Seriez-vous par hasard anglaise ? Américaine peut-être ?  
Je n'osai pas lire dans ses pensées mais il me semblait que je l'avais un peu intriguée : c'est vrai que je n'avais rien dit sur moi, à commencer par mon nom de famille que je n'avais pas. Enfin je connaissais celui de mon père mais comme il ne m'avait pas reconnu et que, lors de notre seule et unique rencontre, il m'avait bien fait comprendre que ni moi ni ma mère ne comptions pour lui, je ne pouvais pas porter son nom.
Je sentis soudainement mon téléphone vibrer dans ma poche.
- Excusez-moi, je ... Allo oui ? ... Non, je ne peux pas te dire ... Je suis occupée là ... Je te rappelle ... Oui je te rappelle dans la soirée ... C'est ça ... A ce soir.
C'était un ami séide qui voulait savoir quand nous nous verrions pour travailler sur une enquête qui nécessitait de parler une langue que je maitrisais à peu près : l'arabe. L'ayant appris enfant, j'avais oublié durant ma scolarité et c'est lorsque je suis arrivée au lycée que j'ai repris des cours d'arabe. Je l'avais passé au BAC ce qui m'avait permis d'obtenir une mention bien.
- Désolée, c'était un ami ... de l'université. Et vous avez étudié en Angleterre ? Il paraît que l'université de Cambridge est géniale !
Je m'emballai comme une enfant mais la soeur d'une amie avait fait un an d'étude à Cambridge dans un programme Erasmus et j'étais allée la voir quelques jours. J'avais découvert le campus, lu ses cours et rencontré ses camarades. J'en gardais un très bon souvenir.
Après un petit blanc dans la conversion, le temps de boire nos boissons et que Madame Walker réponde à mes questions, je repris la parole :
- Madame Walker, vous étiez sérieuse dans votre proposition de matelas ?

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Message par Karen Walker Dim 11 Mai - 5:39

-Oh, je veux bien alors, fit ma visiteuse. On est si bien chez vous que j'ai du mal à partir...
Remarquant qu'elle était gênée, je pris la veste de la jeune femme pour l'accrocher au porte-manteau près de la porte d'entrée. Je sortis quatre verres et une bouteille de jus de fruits, Orange-mangue-myrtille, que je posai sur la table basse du salon. Je servis deux grands verres pour mon invitée et moi et deux petits pour les filles, qui risquaient de les renverser de toute façon, au grand dam de notre tapis.
- Je suis confuse, reprit Blandine. Je dois vous sembler ennuyée de vous rencontrer mais c'est juste qu'à l'université, ils m'ont affirmé que je devais donner ce paquet qu'à Julien et que c'était vraiment important et urgent. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous, c'est juste que je ne sais pas quoi faire de ce paquet.
Je réfléchis. Elle pouvait le rapporter à l'expéditeur, à savoir, hum, l'université, en attendant que Julien revienne. Ou le garder chez elle jusqu'au samedi. Ou, ce qu'elle n'avait pas l'air décidée à faire, me le laisser.
Après tout, si elle tenait à revenir, cela ne me dérangeait pas plus que cela...
Je posai sur la table basse un paquet de gâteaux chocolat-amandes avant de m'asseoir à côté de la visiteuse sur le canapé.
-Eva, on laisse les invités se servir d'abord! lançai-je à ma fille aînée, soudain très intéressée par la perspective d'un goûter supplémentaire.
- Que faites-vous dans la vie, Madame Walker ? s'enquit la jeune femme.
-Je suis cadre dans une boîte d'informatique, expliquai-je. Je vends des logiciels professionnels à d'autres entreprises.
Je songeai que présenté comme ça, mon travail semblait tout sauf palpitant.
- Seriez-vous par hasard anglaise ? Américaine peut-être?
Tiens, l'étudiante en histoire avait remarqué mon accent... Ce n'était pas très difficile, en même temps: j'avais beau vivre en France depuis plus de dix ans, ma langue maternelle était l'anglais, et j'avais toujours du mal avec les sons typiquement français comme "an" "in" ou "r". Je souris:
-Oui, je suis anglaise... J'ai grandi à Londres.
Je passai sous silence le fait que j'étais anglo-australienne. C'était un détail, c'était compliqué, et cette Blandine était une inconnue, ou presque. Et je ne savais toujours rien sur elle: à force de poser des questions, elle esquivait sa propre biographie. Je ne voulais pas la confronter à un interrogatoire: je comprenais qu'elle ne veuille pas me mentir ni en dire trop sur elle.Tout à coup, alors que les filles étaient retournées jouer aux petites voitures, en incluant des cubes et des Lego dans leur parcours de course, et avec un gâteau au chocolat encore en bouche pour May, un téléphone vibra.
Par réflexe, je portai la main vers la table de la cuisine, sur laquelle mon portable traînait, mais Blandine décrocha le sien.
- Excusez-moi, je... Allô oui ? ... Non, je ne peux pas te dire... Je suis occupée là... Je te rappelle... Oui je te rappelle dans la soirée... C'est ça... A ce soir.
- Désolée, reprit-elle à mon intention, c'était un ami... de l'université. Et vous avez étudié en Angleterre ? Il paraît que l'université de Cambridge est géniale !
Pendant sa discussion téléphonique, j'avais terminé mon verre de jus de fruits. Je me demandais si son ami venait vraiment de l'université ou s'il était aussi Chevalier. Tout en répondant, je repris la bouteille de jus et proposai un nouveau verre à mon invitée.
-Oui, j'ai étudié à Cambridge, souris-je, en pensant que pour une fois, le cliché selon lequel les Anglais étudiaient à Cambridge était exact. L'informatique et le management. J'en garde de très bons souvenirs. Et vous? Vous êtes en licence?
Oh, et puis après tout, son année d'études n'était pas confidentielle-défense, que je sache.
- Madame Walker, vous étiez sérieuse dans votre proposition de matelas ?
À vrai dire, j'étais sérieuse, jusqu'à un certain point. Cela ne me dérangeait pas de laisser une quasi-inconnue seule chez moi: il n'y avait rien d'intéressant à voler, et de toute manière, je ne pensais pas qu'un chevalier allait voler quoi que ce soit. Mais elle risquait de s'ennuyer, la pauvre...
-Oui, vous pouvez rester cette nuit si vous voulez, mais demain, je travaille, et les filles iront à l'école. Ça risque de ne pas être très intéressant pour vous. Mais, hum... Si j'en crois le coup de fil que vous avez reçu, sans vouloir être indiscrète, vous n'avez pas quelque chose de prévu ce soir?
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Message par Blandine Dim 11 Mai - 5:54

- Je veux bien, merci, répondis-je à la proposition d'un nouveau verre. C'est délicieux.
Je bus une gorgée avant de reprendre :
- Je suis en licence de l... d'histoire. A l'université. C'est la soeur d'une amie qui était à Cambridge, je suis passée la voir quelques jours, j'ai pu visiter le campus.
Je lui demandai :
- Madame Walker, vous étiez sérieuse dans votre proposition de matelas ?
Elle me répondit gentiment :
- Oui, vous pouvez rester cette nuit si vous voulez, mais demain, je travaille, et les filles iront à l'école. Ça risque de ne pas être très intéressant pour vous. Mais, hum... Si j'en crois le coup de fil que vous avez reçu, sans vouloir être indiscrète, vous n'avez pas quelque chose de prévu ce soir ?
Je souris. Mine de rien, elle était perspicace. Je hochai alors la tête :
- En effet, je dois rejoindre un ami pour l'aider dans une tra... un devoir. Pour l'université.
Deux fois que je faisais une gaffe qui trahissait que je ne faisais absolument pas de licence d'histoire. Comme Karen ne semblait pas idiote, elle allait vite commencer à poser des questions. J'avalai mon jus de fruit puis continuai de lui répondre :
- Mais je peux l'aider par téléphone pour ce devoir. En même temps, j'ai vraiment l'impression de m'imposer chez vous. Je n'ose pas vraiment vous le demander, vous avez autre chose à faire j'en suis sûre, mais je pourrai rester au moins jusqu'au dîner chez vous. Je vais appeler l'université mais ils vont mettre du temps à me donner une réponse. Je pense qu'ils me conseilleront de vous donner ce paquet mais, je ne veux pas prendre de risques inutiles qui pourraient nuire à Julien.
Je piochai dans l'assiette de gâteaux sous mon nez, me retenant fermement d'avaler le contenu entier de l'assiette.
- Mon ami de l'université a un problème avec une ... un devoir à rendre. Justement à Julien. Et c'est un point du cours que j'ai bien compris. Mais je n'ai pas besoin de le voir pour lui en parler. Par contre si je pouvais passer rapidement un coup de fil ?
Je me levai immédiatement, manquant de chuter dans le paquet. Je me mis à l'écart, près de la porte d'entrée.
- Oeil.
- Nom ?
- Blandine
- Code ?
- Radioactivité.
- Je vous écoute.
- Julien est absent pour plusieurs jours, je ne peux pas lui remettre le paquet. Dois-je confier le paquet à sa femme ou j'attends que Julien rentre ?
- Ce paquet est très important, il ne peut pas être confiée à n'importe qui.
Je pensais à Karen, si gentille, si intelligente et si serviable. N'importe qui ? Parfois, j'avais l'impression que la Confrérie méprisaient les humains normaux, ceux qui n'avaient pas la double aura.
- Le transporter une nouvelle fois pourrait-il l'altérer ? demandais-je.
- Oui c'est très fragile. Vous devez le garder vous-même.
- Mais je ne peux pas squatter chez eux ?! Je vais les déranger.
- Trouvez une solution mais vous ne devez confier ce paquet qu'à Julien et vous devez éviter tout choc qui pourrait l'endommager.
La voix à l'autre bout du fil raccrocha. Bon, j'allais attendre en me creusant les méninges. Je revins dans le salon où Eva et May jouaient avec des voitures, des cubes et des Lego, envoyant les petits bolides contre les cubes, qui renversaient des petites figurines en plastique, sans doute des Playmobil.
- L'université me demande de ne pas quitter ce paquet ni de le transporter. Je suis désolée, je vais essayer de trouver une solution pour éviter de m'imposer chez vous cette nuit. Mais, si cela ne vous dérange pas bien sûr, puis-je rester jusqu'à ce soir ? J'aurais peut-être trouvé une autre solution...
Au fond de moi, je n'y croyais pas. Cela ne m'ennuyait pas de rester dans ce cadre familial idyllique, juste j'avais vraiment peur de déranger. Cela me faisait ça, même petite quand je dormais chez des amies.
- Je ne veux pas vous déranger, si vous avez quelque chose à faire, ne vous occupez pas de moi. Enfin, je veux dire, si vous avez quelqu'un à voir, un travail à faire ...etc. Si vous voulez, je peux finir votre vaisselle si ça peut vous aider ?
Ma mère m'avait toujours dit d'être serviable lorsque j'étais chez les gens. Je devais aider la maîtresse de maison, bien me tenir, manger de tout à table, être poli, ne pas faire de bêtises, ne rien casser ...etc.
- Je peux vous aider dans la préparation du dîner si ça peut vous avancer ? proposais-je encore.
Je devais avoir l'air d'une adolescente un peu idiote mais c'est vrai que je n'allais pas la regarder faire en étant assise sur le canapé.
- Dites-moi ce que je peux faire pour vous aider, concluais-je avec un sourire.
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Message par Karen Walker Dim 11 Mai - 10:52

- En effet, je dois rejoindre un ami pour l'aider dans une tra... un devoir. Pour l'université.
Je me demandais vraiment, en écoutant Blandine, s'ils avaient des cours de Dissimulation-de-double-vie, à la Confrérie. La pseudo-étudiante -mais était-elle vraiment étudiante?- mentait de manière visible, même pour moi qui étais étrangère et qui ne maîtrisais pas toutes les subtilités du français. Des cours d'espionnage ou de trucs d'agents secrets, comme dans les films, lui seraient profitables. Enfin... Soit Blandine était particulièrement maladroite, soit c'était moi qui voyais des secrets partout. Elle était peut-être simplement timide ou encline à commettre des lapsus, indépendamment de sa carrière de Chevalier...
- Mais je peux l'aider par téléphone pour ce devoir, ajouta-t-elle après avoir terminé son verre. En même temps, j'ai vraiment l'impression de m'imposer chez vous. Je n'ose pas vraiment vous le demander, vous avez autre chose à faire j'en suis sûre, mais je pourrai rester au moins jusqu'au dîner chez vous. Je vais appeler l'université mais ils vont mettre du temps à me donner une réponse. Je pense qu'ils me conseilleront de vous donner ce paquet, mais je ne veux pas prendre de risques inutiles qui pourraient nuire à Julien.
Je commençais à être inquiète quant au contenu dudit paquet. J'espérais sincèrement qu'il ne contenait rien de toxique, ni de radioactif, ni quoi que ce soit du même genre. Mais dans le civil, mon mari était historien, pas expert en armes de destruction massive. Et dans la Confrérie, il manipulait peut-être des objets dangereux, mais du moins, il ne les rapportait pas à la maison.
-Oui, bien sûr que vous pouvez rester dîner! J'espère que vous aimez les gratins de restes, par contre.
J'aurais bien aimé cuisiner quelque chose de plus élaboré, mais je n'avais aucune envie de faire les courses, et il restait des patates à l'eau, du riz sauce tomate et du poulet au curry au frigo. Je m'apprêtais donc à mettre le tout dans un plat avec du gruyère dix minutes au four, et le repas serait prêt. Eva et May adoraient ça. Blandine expliqua:
- Mon ami de l'université a un problème avec une... un devoir à rendre. Justement à Julien. Et c'est un point du cours que j'ai bien compris. Mais je n'ai pas besoin de le voir pour lui en parler. Par contre si je pouvais passer rapidement un coup de fil ?
-Bien sûr! acquiesçai-je.
Eva, qui imitait le bruit d'un moteur depuis cinq bonnes minutes, se tut. Elle avait décidé de passer à la voiture électrique, le temps de l'appel. J'en profitai pour replonger, au sens propre du terme, dans la vaisselle. Il me restait plusieurs casseroles, un moule et pas mal de couverts à nettoyer. Je n'écoutai pas ce que disait ma visiteuse au téléphone : je brûlais de curiosité, mais j'avais un minimum de savoir-vivre. Et je ne tenais pas à me faire effacer. De toute manière, après avoir raccroché, Blandine me fit un compte-rendu de sa conversation:
- L'université me demande de ne pas quitter ce paquet ni de le transporter. Je suis désolée, je vais essayer de trouver une solution pour éviter de m'imposer chez vous cette nuit. Mais, si cela ne vous dérange pas bien sûr, puis-je rester jusqu'à ce soir ? J'aurai peut-être trouvé une autre solution...
Ah, parce que le colis était fragile, en plus? Que pouvait bien contenir ce carton, à la fin?
-Je vous l'ai dit, vous ne me dérangez pas! répondis-je.
Je remarquai qu'Eva avait retrouvé son moteur Diesel: elle faisait à nouveau un bruyant "wrouuuum, wrooooum" avec ses petites voitures. Soit elle était particulièrement polie, soit elle était particulièrement curieuse. Telle mère, telle fille.
- Je ne veux pas vous déranger, si vous avez quelque chose à faire, ne vous occupez pas de moi. Enfin, je veux dire, si vous avez quelqu'un à voir, un travail à faire... Si vous voulez, je peux finir votre vaisselle si ça peut vous aider ?
-Non, ça va, merci! protestai-je. C'est gentil, mais j'ai bientôt fini!
Je n'allais tout de même pas imposer ma vaisselle à mon invitée, tout de même.
- Je peux vous aider dans la préparation du dîner si ça peut vous avancer ? relança la jeune femme. Dites-moi ce que je peux faire pour vous aider!
Okay. Elle culpabilisait de s'incruster chez moi et elle cherchait à se faire pardonner. Je réfléchis quelques instants à ce que je pouvais lui donner à faire.
-Hum... Le repas sera vite fait, je vais m'en occuper tout à l'heure. Mais si vous voulez, vous pouvez faire le dessert, j'ai une pâte à tarte toute prête et des pommes à éplucher...
Je sortis la pâte du frigo, le moule de son placard, un couteau de son tiroir, et indiquai d'un doigt mouillé d'eau de vaisselle les pommes qui traînaient sur une étagère.
-May! m'écriai-je soudain. Don't eat that! Les roues des voitures, ça ne se mange pas! On va manger le dîner dans une heure, et en attendant, sors ça de la bouche!
-Bouhou ouiiiiiiiin!
La petite fille se mit à pleurer, et je levai les yeux au ciel. J'allais avoir droit pendant vingt minutes à la comédie de la pauvre enfant malheureuse. Quand elle s'y mettait, elle était pénible.
-Vous habitez dans le coin ou vous avez traversé Paris pour déposer ce colis? demandai-je à Blandine en ignorant May, ce qui était souvent la meilleure stratégie pour qu'elle se calme.

Hors RP: mets les verbes de prise de parole (bla bla, annonçai-je ; bla! m'exclamai-je ; bla? proposai-je, ainsi que tous leurs copains) au passé simple. Sans S. Wink
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Message par Blandine Lun 12 Mai - 6:10

- Oui, bien sûr que vous pouvez rester dîner ! J'espère que vous aimez les gratins de restes, par contre.
- Ça me va ! dis-je en souriant.
Après mon appel à "l'université", Clara accepta gentiment de me garder pour la soirée. Elle refusa mon aide pour sa vaisselle, prétextant qu'elle avait fini. Voyant que j'insistai, elle finit par proposer :
-Hum... Le repas sera vite fait, je vais m'en occuper tout à l'heure. Mais si vous voulez, vous pouvez faire le dessert, j'ai une pâte à tarte toute prête et des pommes à éplucher...
- J'adore la tarte aux pommes ! C'est l'un de mes desserts favoris, et comme j'aime bien faire de la cuisine, notamment la pâtisserie, vous ne pouviez pas me faire plus plaisir.
Je n'exagérais même pas. La cuisine était un moyen de me détendre quand j'étais énervée. Je commençai à éplucher les pommes que m'avaient désignées Karen. Mais à peine avais-je entamé la deuxième que Karen s'écria :
-May ! Don't eat that ! Les roues des voitures, ça ne se mange pas ! On va manger le dîner dans une heure, et en attendant, sors ça de la bouche !
-Bouhou ouiiiiiiiin ! répondit l'enfant en chouinant comme une enfant malheureuse.
Je souris devant le cocasse de la situation : tous les enfants ont fait des scènes à leurs parents pour des broutilles identiques. Je continuai donc ma série, ignorant l'enfant comme sa mère puisqu'à cet âge, les enfants testent les nerfs de leurs pauvres parents épuisés. Karen continua à me poser des questions tout en frottant un moule.
-Vous habitez dans le coin ou vous avez traversé Paris pour déposer ce colis ?
J'étais tentée d'avaler un quartier de pomme et répondre fut un moyen d'oublier cette envie.
- Je n'habite pas du tout dans le quartier. J'habite dans le quartier latin, ce n'est pas à l'autre bout de Paris mais ce n'est pas à côté non plus. Et puis le ... l'université est un peu plus loin et c'est là-bas que j'ai pris le paquet.  
Bientôt les pommes furent toutes épluchées et coupés en quartier.
- Votre travail est loin de votre appartement ? Je ne vais pas vous mentir, votre job ne semble, à première vue, pas très ... épanouissant. Mais je suis sûre qu'il est en réalité très enrichissant.
Là, j'étais moins convaincue. Vendre des logiciels informatiques me semblait ... mortellement ennuyeux. Ma mère étant journaliste, j'ai toujours trouvé que les voyages étaient merveilleux. Je m'étais promis, plus jeune, de prendre une année sabbatique pour faire un tour du monde. Bien sûr, je ne l'avais toujours pas fait. Entre l'Organisation, mes études, mon travail à mi-temps à la bibliothèque de la Confrérie, je n'avais pas le temps de prendre des vacances. Alice, mon amie la plus proche dans la Confrérie, suivait des études de commerce. Elle ambitionnait de devenir cadre dans une grande boîte de commerce à la Défense.
Tout en chantonnant une chanson qu'un ami m'avait fait écouté à la fac, j'étalai la pâte avant de la mettre dans le moule. Puis, je disposai les pommes en cercle puis saupoudrai délicatement de sucre pour que le dessus caramélise un peu.
- Voilàà ! Alors, qu'en penses-vous ? demandai-je à Karen qui finissait sa vaisselle.
Il restait quelques quartiers de pommes sur la table que je n'avais pas pu casé dans ta tarte. Je me mis à en grignoter un : c'était si bon et si sucré. J'avais envie de mettre la musique à fond pour danser au milieu du salon. Bien sûr, je gardais ça pour moi, me contentant juste de chantonner encore la chanson.
- Voulez-vous que je mette la table, Madame Walker ? Voulez-vous que je commence le gratin de restes ? Voulez-vous que je m'occupe d'Eva et de May, jouer avec elles ou ranger leurs jouets ? demandais-je à Karen.
Soudain, j'entendis May dire "Maman". Ce mot n'était pas grave mais c'est le bruit qui vint après : le bruit de mon téléphone de l'Organisation que j'avais laissé dans le salon. Le téléphone allait appeler ma mère. Et elle allait sûrement, pensant me parler, dire quelque chose qui ne fallait pas.
- Non, May lâche ça ! Ne touche pas à mon téléphone ! Rends le moi ! May !
Je me jetai en avant, arrachant le téléphone des mains de la petite fille avant d'annuler l'appel en cours. Je rangeais le téléphone dans la poche de mon blouson, accroché dans l'entrée, avant de fermer la poche pour être sûre qu'une main innocente n'y toucherait pas.
- Désolée mais, il ne faut pas toucher à mon téléphone, dis-je à l'enfant qui se remettait à pleurer.
Pour May et Eva, je n'avais pas besoin d'en dire plus. Trop petites pour poser des questions, ce simple ordre leur suffirait. Mais lorsque je croisai le regard curieux, interrogatif et presque méfiant et inquiet de Karen, je compris que je devais très vite trouver un bon mensonge pur justifier ma réaction avec May. Le traditionnel "Euh veuillez m'excuser ...." fut la première chose qui me vint aux lèvres.
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Message par Karen Walker Mar 13 Mai - 6:11

- Je n'habite pas du tout dans le quartier. J'habite dans le quartier latin, ce n'est pas à l'autre bout de Paris mais ce n'est pas à côté non plus. Et puis le... l'université est un peu plus loin et c'est là-bas que j'ai pris le paquet.
Bon. Si elle a traversé Paris avec ce colis, il n'est certainement pas explosif ni radioactif.
- Votre travail est loin de votre appartement ? s'enquit Blandine, Je ne vais pas vous mentir, votre job ne semble, à première vue, pas très... épanouissant. Mais je suis sûre qu'il est en réalité très enrichissant.
Je rigolai franchement devant cette tentative de politesse. Évidemment, mon travail avait l'air prodigieusement rébarbatif, et de fait, pour beaucoup de mes collègues, il l'était. J'aimais bien, quant à moi, vendre des logiciels à des clients qui vivaient un peu partout, quitte à les avoir au téléphone à trois heures du matin (quatorze heures, heure locale) ou subir quinze heures d'avion pour me rendre à leur siège social à Bankok, négocier des tarifs préférentiels (du moins, quand c'étaient les clients qui croyaient que c'était le cas), scruter les offres de la concurrence, obtenir des contrats.
-Je ne sais pas s'il est enrichissant, au sens humain du terme en tout cas, répondis-je. Je ne vous cache pas que pas mal de mes collègues sont là pour le salaire qui va avec. Mais j'aime bien ce que je fais. Et puis je peux travailler chez moi quand il faut garder les filles, quand mon mari est absent par exemple, c'est un gros avantage.
Blandine chantonnait ce que j'identifiai comme la dernière guimauve à la mode chez les jeunes -autrement dit, pas à la mode chez moi- en terminant la tarte. Quand elle eut fini, elle s'exclama:
- Voilàà ! Alors, qu'en pensez-vous ?
-Ça m'a l'air parfait, merci, fis-je en mettant la tarte au four.
J'avais terminé la vaisselle et le rangement des casseroles les plus encombrantes.
- Voulez-vous que je mette la table, Madame Walker ? reprit ma visiteuse. Voulez-vous que je commence le gratin de restes ? Voulez-vous que je m'occupe d'Eva et de May, jouer avec elles ou ranger leurs jouets ?
Je soupirai intérieurement. C'était sympathique de sa part de vouloir m'aider, mais dans l'immédiat, elle était plus encombrante qu'autre chose. Je n'aimais pas faire la cuisine, mais j'aimais encore moins être dérangée quand je la faisais.
-Non, merci, Eva va mettre la table. N'est-ce pas, Eva? lançai-je en direction de l'autre bout de la pièce, où mon aînée, lassée des petites voitures, jouait à je ne savais pas quoi.
La petite fille soupira mais obtempéra.
-Le gratin, je vais le faire, continuai-je.
-Maman? appela May.
-Oui, qu... commençai-je.
-Non, May, lâche ça ! Ne touche pas à mon téléphone ! Rends-le-moi ! May !
Stupéfaite, je vis Blandine prendre un objet rectangulaire des mains de ma fille et le ranger très vite dans la poche de sa veste.
-Désolée, mais il ne faut pas toucher à mon téléphone, conclut-elle.
May, bien sûr, s'était mise à pleurer. Elle détestait qu'on lui pique ses jouets et elle détestait l'injustice. Certes, elle ne devait pas jouer avec les affaires des adultes. Certes, Blandine ne savait sans doute pas qu'il ne fallait rien laisser traîner à portée de main des enfants en général, et de May en particulier, sous peine de le retrouver en pièces détachées. Certes, elle avait eu peur pour son portable. Mais la violence de sa réaction m'avait choquée, à tel point que je n'envisageai pas un seul instant de gronder ma fille. Celle-ci, de son point de vue, n'avait rien fait de mal, juste essayé un nouveau jouet, sans même le casser, et elle comprenait sans doute encore moins que moi cette soudaine hystérie.
Laissant mon futur gratin en plan sur la table, je me précipitai pour prendre May dans mes bras. Là, la pseudo-étudiante et vraie squatteuse d'appartement dépassait vraiment les bornes. Personne d'autre que Julien et moi n'avait le droit d'enguirlander nos filles, non mais.
-Ne pleure pas, May, don't cry, it's OK, mum is here, ce n'est pas grave, calme-toi...
-Euh, veuillez m'excuser... bafouilla Blandine.
-Non mais ça ne va pas? jetai-je, sans crier toutefois, à la jeune femme.
Je serrais May, qui pleurait toujours, dans mes bras comme pour la protéger. Eva, qui s'était figée, quatre fourchettes à la main, fixait la visiteuse d'un air désapprobateur.
-Pas besoin de vous énerver comme ça pour un téléphone! repris-je plus calmement. Il n'est pas cassé, is it?
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Message par Blandine Mar 13 Mai - 7:02

- Ne pleure pas, May, don't cry, it's OK, mum is here, ce n'est pas grave, calme-toi...
May pleurait, Karen était furieuse et Eva me regardait d'un air désapprobateur.
- Non mais ça ne va pas ? Pas besoin de vous énerver comme ça pour un téléphone ! Il n'est pas cassé, is it ?
Je balbutiai, presque les larmes aux yeux. Je restai immobile, contre le porte-manteau, mon esprit tournant à plein régime. Je ne pouvais rien dire sur l'Organisation et, mon portable n'étant pas vraiment fragile, je ne pouvais pas prétendre que j'avais eu peur qu'il soit cassé. Mes yeux cherchaient quelque chose pour m'aider mais rien. May commençait à se calmer dans les bras de sa mère qui la serrait fort contre elle.
Soudain, un bruit me fit sursauter. La même sonnerie qui m'avait fait réagir violemment à l'égard de May. Je fronçai les sourcils et ressortis mon téléphone de la poche de mon blouson. Non, il était éteint, ce n'était pas lui.
- C'est quoi ça ? bafouillai-je.
Le bruit se répéta une nouvelle fois. May avait arrêté de pleurer et Eva se tournait dans tous les sens, comme pour chercher l'origine du bruit. C'est lorsque mes yeux se posèrent sur le paquet que je compris. Le bruit reprit encore une fois. Une sonnerie brève qui ressemblait à celle d'un téléphone. Mais il n'y avait aucun téléphone qui sonnait. Cela provenait du paquet.
- Non, murmurai-je. Non, ce n'est pas possible.
Pourtant, c'est ce qu'on nous apprenait à la Confrérie : que l'impossible était possible. Les filles, en jouant, avaient dû heurter le paquet qui s'était "réveillé". Immédiatement, j'allumai mon téléphone, paniquée. C'était pourtant une mission simple : livrer un colis. Mais je venais de la rater comme une débutante, tout ça parce que je n'avais pas surveillé deux enfants qui jouaient dans leur salon.
Je sortis de l'appartement pour téléphoner dans l'escalier. La voix calme me calma peu à peu :
- Oeil !
- Nom ?
- Blandine.
- Code ?
- Radioactivité.
- Je vous écoute.
- Il y a un problème : le paquet émet une sonnerie ressemblant à celle d'un téléphone. Que dois-je faire ?
Il y eut un silence. Puis, la voix reprit, un peu plus angoissée.
- Vous dites une sonnerie ? Comme celle d'un téléphone ?
Encore un silence.
- Il n'y a pas de souci. Le paquet n'est pas dangereux. La sonnerie va finir par s'arrêter. Mais vous devez impérativement mettre le paquet en sécurité et le garder avec vous. Vous ne devez plus bouger.
- Ce n'est pas possible, j'ai failli me faire démasquer par une des deux filles qui jouaient avec mon portable, du moins c'est ce que j'ai cru jusqu'à ce que je comprenne que la sonnerie venait du paquet. Mais ma réaction me rend suspecte. Je ne peux pas rester sur place.
- Vous ne pouvez pas transporter le paquet. Il n'est pas dangereux mais il est fragile. La sonnerie est une alarme que nous avons placé sur le paquet. Trouvez une excuse pour rester jusqu'au retour de Julien. Nous verrons, de notre côté, si nous pouvons accélérer son retour.
La voix raccrocha et la lumière jaunâtre de l'escalier s'éteignit. Je soupirai. Je remontai dans l'appartement en essayant de réfléchir à comment je pourrai convaincre Karen de me garder. Ce furent des bruits de pas qui attirèrent mon attention. Grâce à mes yeux de félin, je repérai rapidement la silhouette de Karen. Elle m'avait écouté.
- Madame Walker ? Vous êtes là depuis combien de temps ? demandai-je.
Je ne voulais pas l'effacer mais c'était le seul moyen pour qu'elle oublie ce petit incident et le coup de téléphone. Elle et ses deux filles oublieraient ces quelques minutes. Mais pour l'instant, je n'allais pas encore l'effacer.
- Madame Walker, il faut que je vous explique. La sonnerie est une alarme du carton. J'étais tellement sous pression, l'université m'a bien stressé avant de partir et entendre cette sonnerie m'a fait réagir de façon inconsidérée. Comme je ne savais pas que ça venait du carton, j'ai cru que c'était mon téléphone. Mais heureusement tout va bien, c'est juste que je ne dois plus bouger le carton. Du moins pour le moment.
Puis j'enchaînai avant qu'elle puisse répondre :
- Je suis sincèrement désolée d'avoir fait peur à May, je n'ai pas voulu ça. J'ai été un peu violente, je comprendrai que vous ne vouliez pas que je reste. Je n'ai pas bien l'habitude des jeunes enfants, j'ai été un peu excessive, je n'aurai pas dû m'emporter. Je vous demande pardon, vraiment.
Je restais sur le paillasson. J'attendais qu'elle m'autorise à rentrer ou qu'elle me jette mes affaires à la figure. Si c'était le cas, je l'effacerai mais, commençant à la connaître, je me disais que j'avais une petite chance de ne pas arriver à cette extrémité.



PS : oui Karen, tu n'as pas le choix, tu dois me laisser rentrer chez toi XD
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Message par Karen Walker Ven 16 Mai - 10:04

Blandine était incapable de se justifier. Sa réaction me paraissait violente, brutale, et même si c'était pour une raison qui avait quelque chose à voir avec des secrets de l'Organisation que je ne connaissais pas, anormale.
Tout à coup, le portable de l'étudiante-en-histoire sonna à nouveau. Elle le consulta à nouveau, mais il était éteint.
- C'est quoi ça ? fit la jeune femme, visiblement déroutée.
May, surprise, en arrêta de pleurer, dans un dernier hoquet. Je n'étais vraiment pas rassurée. C'était le carton qui sonnait. Qu'est-ce que j'avais pensé, plus tôt, déjà? Que la jeune femme n'allait pas apporter de bombe avec elle? En cet instant, je n'en étais plus si sûre.
- Non, murmura-t-elle. Non, ce n'est pas possible.
J'étais inquiète de la voir hésiter, elle qui était censée maîtriser la situation. Soit elle ne savait pas plus que moi ce qui se passait, soit elle savait quelque chose et c'était mauvais signe. Je me mordis la lèvre.
-Eva, May, allez dans votre chambre, soufflai-je.
Blandine sortit sur la palier, son portable en main, lassant le colis par terre dans le salon.
Je m'en éloignai d'un pas, au cas où.
Plaquée contre l'évier, j'entendis résonner la voix de la jeune femme qui téléphonait:
- Il y a un problème : le paquet émet une sonnerie ressemblant à celle d'un téléphone. Que dois-je faire ?
Je n'entendis pas la réponse de son interlocuteur. Derrière moi, le four ronronnait, et la tarte aux pommes cuisait paisiblement.
Et moi, m..., j'ai deux filles en bas âge et un truc potentiellement explosif dans mon appartement. Que dois-je faire?
Je m'approchai de la porte en contournant le colis (piégé?) qui venait de sonner à nouveau.
- Ce n'est pas possible, poursuivit -ou répondit- Blandine dans l'écho de l'escalier, j'ai failli me faire démasquer par une des deux filles qui jouaient avec mon portable, du moins c'est ce que j'ai cru jusqu'à ce que je comprenne que la sonnerie venait du paquet. Mais ma réaction me rend suspecte. Je ne peux pas rester sur place.
Suspecte, c'est le moins qu'on puisse dire... pensai-je.
Je sursautai quand Blandine m'apostropha :
- Madame Walker ? Vous êtes là depuis combien de temps ?
Je ne l'avais pas entendue remonter sur le palier. Depuis quand la téléportation faisait-elle partie des attributions des Chevaliers?
-Dix secondes, mentis-je. J'aimerais bien savoir ce qui risque de nous péter à la figure dans mon salon, pour commencer.
- Madame Walker, il faut que je vous explique. La sonnerie est une alarme du carton. J'étais tellement sous pression, l'université m'a bien stressée avant de partir et entendre cette sonnerie m'a fait réagir de façon inconsidérée. Comme je ne savais pas que ça venait du carton, j'ai cru que c'était mon téléphone. Mais heureusement tout va bien, c'est juste que je ne dois plus bouger le carton. Du moins pour le moment. Je suis sincèrement désolée d'avoir fait peur à May, je n'ai pas voulu ça. J'ai été un peu violente, je comprendrai que vous ne vouliez pas que je reste. Je n'ai pas bien l'habitude des jeunes enfants, j'ai été un peu excessive, je n'aurais pas dû m'emporter. Je vous demande pardon, vraiment.
Je restai dubitative. Je regrettais sincèrement que Julien ne soit pas à la maison pour gérer ses problèmes, avec ses collègues et ses colis. J'avais bien envie de dire à la visiteuse qu'elle pouvait garder ses excuses, remballer son carton et revenir dans trois jours, ou bien déposer ledit carton au bureau de mon mari, à l'université.
-Vous avez fait peur à mes filles, et à moi aussi d'ailleurs, répliquai-je. Pouvez-vous me jurer que ce colis n'est pas dangereux? D'ailleurs, qu'est-ce qu'il contient de si fragile et qui inclut une alarme?
J'inspirai puis expirai à fond. Les voisins allaient hurler à la prochaine réunion de copropriété si je hurlais ici et maintenant dans la cage d'escalier. Je repris ensuite, plus calmement:
-Blandine, soit vous repartez avec votre paquet et vous revenez quand mon mari sera là, soit, si vous tenez absolument à rester ici, vous vous taisez, vous ne bougez plus d'un cil et vous vous faites oublier. C'est clair?
Bibibip! sonna quelque chose, un son beaucoup plus familier pour moi.
C'était la minuterie du four qui prévenait que la tarte était cuite.
Je rentrai dans la cuisine pour sortir et démouler la tarte, plantant la jeune femme sur le palier. Il me restait le gratin à faire. Elle n'avait qu'à choisir l'option qu'elle préférait.
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Message par Blandine Sam 17 Mai - 10:52

- Vous avez fait peur à mes filles, et à moi aussi d'ailleurs. Pouvez-vous me jurer que ce colis n'est pas dangereux ? D'ailleurs, qu'est-ce qu'il contient de si fragile et qui inclut une alarme ?
Je ne répondis pas, attendant la suite.
- Blandine, soit vous repartez avec votre paquet et vous revenez quand mon mari sera là, soit, si vous tenez absolument à rester ici, vous vous taisez, vous ne bougez plus d'un cil et vous vous faites oublier. C'est clair ?
Pas le choix, je devais rester. Le portable en sécurité dans mon blouson, le paquet dans un coin de l'entrée, les deux filles dans leur chambre, Karen dans la cuisine et moi debout dans le coin le plus reculé du salon. Je commençai à regretter cette "simple mission".
Alors je sortis une photo de la poche de mon jean. C'était la photo de mon adoubement : ma mère qui m'entourait les épaules, moi tenant la main d'Alice, mon parrain et la marraine d'Alice, côte à côte. Nos cinq médailles d'or scintillaient sous les torches. Derrière nous, un magnifique feu d'artifice et des bras levés. Mais un visage est tourné vers nous : un homme. Je ne le connais pas. Enfin si. J'ai vu une fois sa tête sur une vieille photo. C'est François, mon père enfin si on peut l'appeler comme ça. Le voir me fait presque monter les larmes aux yeux. Et voilà, je me mets à pleurer devant un visage flou.
Non, je ne vais pas faire comme ma mère. Elle m'avait raconté ses débuts où elle était dans une dépression profonde et répondant que par la violence. Puis, peu à peu, elle s'était relevée. Par des rencontres puis par ma naissance qui l'avait un peu sorti de l'Organisation. Je séchai alors mes larmes mais je vis le visage de May dans l'encadrement de la porte. Elle me sourit puis elle disparut.
- Voulez-vous de l'aide, Madame Walker ? dis-je en hoquetant.
Je me mouchai immédiatement pour que personne, à part la petite May, ne sache que j'avais eu ma petite déprime solitaire. Mais alors que j'allais entrer dans la cuisine, j'entendis encore la paquet vibrer.
- Bon, on va savoir ce qu'est ce machin, marmonnai-je.
J'hésitai à l'ouvrir puis, pour éviter de casser quelque chose et de risquer la vie de Karen et de ses filles, je mis mes scrutateurs sur les yeux. Dans le paquet, je vis un objet rectangulaire, comme un pavé mais plus léger et plus large et plus grand. Je sens une présence derrière moi et je range les scrutateurs, comme si c'était de simples lunettes.
- Le carton est solide, l'objet doit être bien emballé et très fragile.
Je me relevais et manquait de me heurter, non pas à Karen mais à May qui m'avait suivi.
- Eh bien ma puce, tu as besoin de moi ?
Elle montra du doigt mes lunettes. Je secouai la tête et rangeai mes lunettes dans mon blouson, en hauteur.
- Non, non par contre, tu peux faire un joli dessin de mes lunettes, tu veux ?
Ayant fait un peu de babysitting quand j'étais ado, j'essayai de convaincre gentiment May de renoncer à mes lunettes sans me fâcher.
- May, veux-tu faire un dessin pour maman ? Pour papa ? Pour Eva ? Pour ...
J'ai épuisé tous les destinataires connus et finalement, elle tend encore son doigt vers moi.
- Pour moi ? Bon d'accord.
Aussitôt dit, aussitôt fait, May disparut dans sa chambre pour aller dessiner et Eva devait y être aussi, en plein dialogue avec un nounous ou une poupée.
Finalement, je repris mon idée de départ : revenir dans la cuisine. La tarte est démoulée, Karen faisait le gratin mélangeant pommes de terre coupées, poulet au curry d'après sa couleur jaune, riz sauce tomate saupoudrant généreusement de gruyère. Le plat simple que toutes les mères de famille font sauf la mienne qui n'aimait pas le fromage, me transmettant cette légère aversion. Au vu de la situation présente, je ne parlai pas de mon dégoût pour le fromage, me contentant de regarder de loin. Heureusement, le gruyère étant un fromage sans goût, ce serait moins dur à avaler.
Comme elle m'avait demandé, je restais silencieuse, la regardant enfourner le gratin. 
Je sentis une petite main qui me presse la mienne. Je me mis à la hauteur de May, à genoux, pour regarder le dessin. Quatre filles en bâton qui se tenaient la main. Je reconnus Eva et May, plus petites que les autres, moi avec mes cheveux jaunes et Karen avec ses cheveux marrons.
- Bravo May, il est magnifique ce dessin !
J'essayai de mettre une sincère conviction dans mes paroles devant ce dessin d'enfant comme si je voyais La Joconde. Je souris à la petite fille qui me tendit le dessin.
- Oh merci, quel beau cadeau !
Je m'empressai de ranger le dessin, plié hâtivement en quatre, dans la poche de mon jean.
- Je vis l'exposer chez moi, promis-je à la petite fille.
May repartit jouer avec sa soeur en gambadant. Je me relevai et rattachai mes cheveux, un peu en bataille.
- Voulez-vous que j'aille m'occuper des filles ? proposai-je à Karen.


PS : désolée je n'avais pas d'idée ^^ j'ai pas mal utilisé May pour faire la réconciliation ^^
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Message par Karen Walker Lun 19 Mai - 9:29

Comme prévu, je préparai rapidement le gratin à base des restes des jours précédents. Je grimaçai en constatant que nous allions manger essentiellement du riz aux patates et décidai de préparer une salade verte avec.
- Voulez-vous de l'aide, Madame Walker ? lança Blandine depuis le salon à l'autre bout de la pièce, avant de se moucher bruyamment.
J'ignorai sa question. Même si elle ne se faisait pas oublier, j'avais décidé de faire mon possible, moi, pour l'oublier. Si la jeune femme n'avait pas été chevalier, je me serais sérieusement inquiétée de savoir si elle n'était pas là pour une émission de télé-réalité, rubrique "je m'invite chez vous pour l'apéro, je reste pour le dîner et je finis par passer trois semaines dans votre appartement". Et dans l'immédiat, je me fichais de savoir pourquoi elle se mouchait, ou plutôt, je soupçonnais que c'était pour attirer mon attention.
Tandis que je coupais les pommes de terre, j'entendis des voix en provenance du salon. Je jetai tout de même un regard dans cette direction et vis l'étudiante en train de parler à May.
Je me retins d'intervenir. A première vue, elle n'était pas en train de lui hurler dessus.
Quelques minutes plus tard, alors que je terminais le gratin, Blandine débarqua côté cuisine, suivie par ma fille cadette. Celle-ci lui tendit une feuille de papier.
- Bravo May, il est magnifique ce dessin !
Surprise que ma fille ait si vite retrouvé confiance en la visiteuse, je regardai ledit dessin : il représentait des bonshommes, comme May avait l'habitude d'en faire. Rien d'exceptionnel, si ce n'est qu'elle le donnait à la jeune femme.
- Oh merci, quel beau cadeau ! Je vais l'exposer chez moi.
Le plat était au four et la minuterie en marche.
- Voulez-vous que j'aille m'occuper des filles ?
Je levai les yeux au ciel devant cette violation flagrante du principe de base se faire oublier.
-Non, nous allons passer à table, de toute manière. Eva ! May ! Venez manger !
May, qui était repartie au salon, revint à la table de la cuisine, bientôt rejointe par Eva qui traînait les pieds. Le temps qu'elles s'assoient à table et mettent leur bavoir, le gratin était chaud et la salade à table dans un saladier. May s'était assise à côté de Blandine, ce qui me rassura quelque peu : la petite fille lui avait pardonné son accès de colère. A moins que l'étudiante en histoire ne l'eût hypnotisée...
Stop being paranoid, Karen, me repris-je mentalement en posant le plat chaud sur la table.
Je décidai que l'entente cordiale était une option envisageable à moyen terme et saisis son assiette:
-Blandine, vous préférez plutôt du riz, des pommes de terre ou les deux?
-Moi j'voudrais les deux, annonça Eva.
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Message par Blandine Sam 24 Mai - 8:04

- Non, nous allons passer à table, de toute manière. Eva ! May ! Venez manger !
Elle était dure et sévère. Contrairement à May, qui s'assit gentiment à côté de moi, elle m'en voulait encore. Ses pensées la trahissaient. Lorsque je sus qu'elle pensais que j'avais hypnotisé sa fille, je faillis bondir sur ma chaise. Sa pensée suivante me rassura, elle se gourmandait de penser de telles choses aussi absurdes.  
Elle saisit mon assiette de façon plutôt calme et me demanda :
- Blandine, vous préférez plutôt du riz, des pommes de terre ou les deux ?
- Moi j'voudrais les deux, lança Eva.
Je souris devant la franchise de cette enfant et répondit aussitôt :
- Je vais imiter Eva aussi, s'il vous plaît Madame Walker.
Karen me servit largement, remplissant mon assiette de riz, de pommes de terre, de poulet, de sauce et aussi ... de fromage. Je réprimai une grimace en posant mon assiette devant moi. Karen servit ensuite ses filles puis enfin elle-même.
Nous avons commencé à manger. Lorsque j'avalai du fromage, je fermai les yeux pour essayer d'oublier. Mon assiette finit par être vide comme celle des autres convives. A peine avais-je avalé ma dernière bouchée que May me tira par la manche, manquant de me faire chuter de ma chaise.
- Eh May, que se passe-t-il ? demandais-je en me raccrochant désespérément à la table.
Qu'est-ce que sa petite tête allait inventer ?
- Viens voir, me fit-elle.
Je la suivis, courbée car elle me traînait vers le salon. Là, elle me désigna le carton et demanda :
- C'est quoi ?
- Un carton.
- Et dans ?
- C'est un secret.
- Pour qui ?
- Pour ton papa.
May sembla déçue. Je lui proposai alors :
- Tu veux pas revenir à table ?
Elle me suivit et nous nous assîmes. Je n'osai pas demander s'il y avait un dessert, si nous allions regarder la télé, quand était l'heure du coucher. Le silence planait sur la table. Eva et May se taisaient, Karen semblait très irritée à mon égard et moi, je n'osai rien faire de peur qu'elle me vire en me jetant le paquet à la figure. N'étant pas de la Confrérie, elle ne pouvait pas savoir que cet objet était précieux.
- Hum ... Je débarrasse la table Madame Walker ?
Je n'osai lire ses pensées de peur d'apprendre qu'elle souhaitait vraiment que je débarrasse le plancher avec mon carton. J'empilai les quatre assiettes avec les couverts. Je les déposai dans l'évier, car je ne voyais pas de lave-vaisselle.
- Madame Walker, vous savez, si ça vous dérange que je reste, je peux m'arranger avec l'université. Ils accepteront sans doute de vous laisser le carton et que je parte.
Je mentais bien sûr car je savais que je devrais garder le carton toute la nuit au minimum dans l'appartement. J'espérais avoir des nouvelles demain matin car je me voyais mal rester seule dans cet appart. En attendant, il me fallait faire la paix avec Karen. Pas seulement pour la mission mais parce que je la trouvais gentille et sympathique et que ça m'ennuyait d'être fâché avec elle sur une bête histoire de téléphone, de carton et de malentendus.
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Message par Karen Walker Mar 27 Mai - 21:53

- Je vais imiter Eva aussi, s'il vous plaît Madame Walker, fit la jeune femme.
Tiens, elle était polie, à présent? Elle était capable d'être bien élevée? Tant mieux. Je mangeai en silence, surveillant qu'Eva utilisait ses couverts et pas ses doigts pour attraper les patates dans son assiette. Je n'avais pas envie de faire la conversation.
-Eh May, que se passe-t-il ? lança soudain Blandine.
-Viens voir! décréta ma fille en la tirant par la manche.
-Tu ne vas nulle part avant la fin du repas, May! intervins-je. Et puis finis ton assiette d'abord!
May, cependant, se leva et partit vers le salon, entraînant Blandine à sa suite.
J'étais irritée contre la présence de l'étudiante. J'avais déjà assez de mal à ce que ma fille reste à table tout au long du repas, mais si en plus elle était encouragée à se lever de table... Rectification: la bonne éducation de cette Blandine n'était qu'apparente.
-May! Viens manger ton riz! m'énervai-je.
-Tu devrais aussi gronder Blandine, fit remarquer Eva très sérieusement. C'est pas bien de se lever de table, et puis les grandes, ça doit montrer l'exemple.
Quelques instants plus tard, ma plus jeune fille et mon invitée revinrent s'asseoir à leur place. Je me demandais vraiment ce qu'elles étaient allées faire. Quand May avait cette tête, généralement, c'était qu'elle avait fait ou allait faire une bêtise. Je songeai qu'Eva n'avait pas tort.
- Hum ... Je débarrasse la table, Madame Walker ? proposa Blandine, brisant le silence avant que je ne lui adresse des reproches.
Oh, et puis elle n'avait même pas besoin d'être télépathe pour lire sur mon visage que j'étais agacée. Elle se leva, ramassa les assiettes et les posa dans l'évier.
-Le lave-vaisselle est en bas à gauche du frigo, fis-je remarquer, si vous voulez bien... Si, là, le battant plaqué bois.
Je me levai tout de même pour chercher la tarte et les assiettes à dessert.
- Madame Walker, vous savez, si ça vous dérange que je reste, je peux m'arranger avec l'université. Ils accepteront sans doute de vous laisser le carton et que je parte.
Je soupirai. Sa présence ne m'avait pas dérangée jusqu'au moment où elle s'était énervée contre mes filles, et où par-dessus le marché, elle avait commencé à me prendre pour une bille. Certes, elle avait de bonnes raisons de me mentir, mais alors, qu'elle le fasse avec un peu plus de subtilité...
Tandis que je coupais la tarte, j'observai la jeune femme du coin de l'oeil. Après tout, ce n'était qu'une adolescente avec ce que je devinais être une mission encombrante sur les bras.
-Franchement, si vous voulez partir, ça ne me dérange pas, mais je vous ai proposé de rester et je vais maintenir cette proposition, répondis-je.
Après le dessert, j'ouvris le canapé du salon en mode canapé-lit et tendis à la jeune femme des draps et une couette :
-Vous pouvez vous installer. La salle de bains est au bout du couloir, vous pouvez prendre une serviette sous le lavabo. Je vais coucher les filles, il est tard pour elles.
Je vérifiai qu'Eva et May se brossaient bien les dents et les mis au lit.
-Bonne nuit maman!
-Bonne nuit, dormez bien!
A peine la plus jeune fût-elle installée sous sa couette qu'elle se releva, son doudou-chiffon à la main.
-Je peux dire bonne nuit à Blandine? questionna-t-elle.
-Vas-y, chuchotai-je en levant les yeux au ciel.
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Message par Blandine Mer 28 Mai - 2:32

- Franchement, si vous voulez partir, ça ne me dérange pas, mais je vous ai proposé de rester et je vais maintenir cette proposition.
Ouf ça s'arrangeait. Nous avons en vitesse avalé la tarte aux pommes puis Karen m'a ouvert le canapé-lit, heureusement car je ne savais jamais comment ouvrir ce genre de choses. Elle me tendit ensuite des draps et une couette. Faire un lit était dans mes cordes mais ce soir, j'allais sûrement m'enrouler dans un drap, la couette par dessus et dormir direct.
- Vous pouvez vous installer. La salle de bains est au bout du couloir, vous pouvez prendre une serviette sous le lavabo. Je vais coucher les filles, il est tard pour elles.
- Très bien, merci Madame Walker et bonne nuit.
J'entendis le bruit de l'eau dans la salle de bains puis les "bonne nuit maman" des filles. J'étais en train de programmer mon alarme sur mon téléphone pour le lendemain quand des petits pas me firent dresser l'oreille.
- Bonne nuit Blandine ! s'écria May avec des yeux fatigués.
- Merci, bonne nuit à toi aussi May. Et souhaite pour moi bonne nuit à ta soeur, sauf si elle dort déjà.
Je lui fis la bise et elle repartit aussitôt se remettre sous sa couette. Mon réveil fut programmé à 7h00 car les filles avaient école demain et Karen devait aller travailler donc au maximum tout le monde serait levé vers 7h30. Je venais de finir de programmer mon réveil quand mon téléphone vibra : c'était mon ami qui m'avait appelé un peu plus tôt.
- Blandine, j'ai vraiment besoin de ton aide pour le texte !
- Mais Valentin, je suis occupée je t'ai dit !
- Tu ne peux pas te libérer pour me rejoindre ? Juste une heure.
- Non Valentin, c'est impossible. Envoie moi une photo et je t'envoie la traduction par SMS.
Deux minutes après je reçus une photo de qualité passable mais j'arrivai tout de même à déchiffrer le texte. Valentin, séide de ma promotion, était en mission dans une université franco-arabe pour une raison inconnue. Puisqu'il ne parlait pas un moi d'arabe, je devais l'aider à traduire les textes qu'on lui donnait. Il m'avait juste parlé d'une personne à surveiller. À notre âge, nos missions se révélaient être minimes : apporter un paquet, assister un séide plus âgé, surveiller des individus suspects ...etc.
- Non, c'est pas possible ! m'esclaffais-je en lisant la première phrase. Il se moque de moi ?
Après trois semaines de cours intensif avec moi et une semaine en mission, il n'arrivait pas à déchiffrer ce genre de phrase simple ? J'étais un peu méchante alors je lui envoyai en deux minutes la traduction du premier paragraphe. J'allais attaquer le deuxième quand je sentis un regard sur moi.
- Oh pardon, madame Walker. C'est un ami qui me demandait de l'aide pour un devoir.
Un silence s'installa, j'étais gênée. Finalement, je me jetai à l'eau :
- Vous m'en voulez toujours ? Pour ma brusquerie envers May ou bien juste parce que je suis là ou bien les deux, pensai-je à haute voix.
Le téléphone vibra une nouvelle fois : Valentin me demandait le second paragraphe. Et aussi le troisième. Je lui aurais bien dit d'aller se faire voir chez les Grecs mais pas maintenant, pas alors que je discutais avec Karen. Rectification : elle me regardait comme une criminelle et je réfléchis à voix haute.
- Je ne suis ni dangereuse ni méchante ni une criminelle.
Je tentais de la persuader alors qu'avec ma médaille je pouvais leur faire faire ce que je voulais. Je pensais aux séides noirs dont nous avions parlé à la dernière réunion. Deux séides passés de l'autre côté avaient été aperçus, rôdant près de l'entrée de la Confrérie, il y a deux semaines. Nous savions généralement maîtriser l'incident mais il fallait bien dire que ça nous inquiétait sérieusement. Comment repérer ceux qui étaient susceptibles de basculer ? Comment empêcher ces séides noirs de s'approcher des chancelleries et de leurs membres ? Je balayai ces inquiétudes, annexes pour le moment, pour me concentrer sur Karen.
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Message par Karen Walker Ven 30 Mai - 8:13

May revint dans sa chambre après un détour par celle d'Eva, apparemment pour lui dire bonne nuit de la part de Blandine.
-Allez, au lit, maintenant... soufflai-je en soulevant sa couette.
-J'veux que tu me chantes une chanson! répliqua la petite fille.
Je lui chantai, en espérant qu'elle allait s'endormir, une berceuse sans paroles que ma mère me chantait quand j'étais petite.
Ya lora naa, la yora naa...
Après quelques minutes, je sentis la main de ma fille se relâcher et glisser le long de son matelas. Je quittai doucement sa chambre pour aller dire bonne nuit à Eva. Celle-ci était en train de lire un album illustré en suivant les mots avec son doigt. Elle était encore en maternelle, mais elle savait presque lire. Elle me lut donc à haute voix la fin de son histoire, que j'écoutai avec un intérêt relatif étant donné que c'était l'un des livres qu'elle lisait plusieurs fois par semaine, mais avec attention tout de même. Quand elle eut terminé, elle éteignit sa lampe et ferma les yeux.
-Bonne nuit, Eva, souris-je.
Je regagnai le salon, où la lumière était encore allumée. Vu l'heure, Blandine n'était certainement pas couchée. Effectivement, elle était assise sur un coin du canapé -pour l'heure, de son lit- et pianotait sur son portable.
- Oh pardon, madame Walker. C'est un ami qui me demandait de l'aide pour un devoir. Vous m'en voulez toujours ? Pour ma brusquerie envers May, ou bien juste parce que je suis là, ou bien les deux...
Je tentai de faire le point sur mes sentiments concernant la jeune femme. Elle m'agaçait, elle avait un côté parasite, elle était maladroite, mais non, je ne lui en voulais plus. Plus autant, du moins. Ce n'était certainement pas elle qui avait demandé à apporter ce colis à Julien.
- Je ne suis ni dangereuse ni méchante ni une criminelle, insista-t-elle.
-Je crois que j'ai compris, lançai-je en pouffant, mais sérieuse tout de même. May vous aime bien, je crois, et c'est un argument en votre faveur.
Je me dirigeai vers la cuisine, à l'autre bout de la pièce.
-Vous voulez terminer votre travail et que je vous fiche la paix? demandai-je. Sinon, je vais faire du thé, est-ce que vous en voulez?
Je mis de l'eau à chauffer dans la bouilloire électrique. Normalement, le bruit ne dérangerait pas mes filles qui avaient l'habitude de l'entendre, même quand elles dormaient.
-J'ai du thé vert, du thé noir, de la tisane à la verveine, aux fruits rouges ou au citron. Qu'est-ce que vous préférez?
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Message par Blandine Dim 8 Juin - 7:30

- Je crois que j'ai compris, dit-elle en pouffant avec sérieux. May vous aime bien, je crois, et c'est un argument en votre faveur.
Elle ne m'en voulait plus, au moins j'avais peu de risques de passer la nuit sur un paillasson. Elle se dirigea vers la cuisine en disant :
- Vous voulez terminer votre travail et que je vous fiche la paix ? Sinon, je vais faire du thé, est-ce que vous en voulez ?
Elle ajouta en allumant la bouilloire :
- J'ai du thé vert, du thé noir, de la tisane à la verveine, aux fruits rouges ou au citron. Qu'est-ce que vous préférez ?
Du thé ? J'adorais cette boisson ! Je pris deux minutes pour réfléchir, chaque goût me tentait autant. Finalement, je fis mon choix :
- Je prendrais bien du thé aux fruits rouges s'il vous plaît Madame Walker. Et si vous voulez bien, je vais terminer la traduction pour mon ami, ça ne prendra pas longtemps.
Et immédiatement, je me remis à pianoter sur mon écran. En deux minutes, le message avec la traduction des deux paragraphes fut envoyé. Je rejoignis Karen dans la cuisine. Les deux tisanes étaient prêtes.
- Voulez-vous du sucre ? proposais-je.
Nous avons pris place autour de la table. Un silence s'installa, pesant. Je touillais ma tisane avec ardeur, dans le but de m'apaiser mais ce fut tout le contraire, j'étais encore plus nerveuse. Finalement, je n'y tins plus et lançai :
- Aimez-vous la littérature française, Madame Walker ?
Question idiote, bien sûr, et qui n'avait aucun rapport avec la situation présente. J'avais posé la première question qui m'avait traversé l'esprit, sans vraiment réfléchir. J'avais aperçu sur la table basse du salon, un livre qui traînait : Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Si les descriptions m'avaient ennuyée, j'avais trouvé l'histoire captivante et j'avais vraiment apprécié ce livre. J'étais donc curieuse d'avoir le point de vue de Karen sur ce livre. Soudain, le tonnerre retentit dans le ciel, me faisant sursauter. Etant à moitié félin, les orages ne me plaisaient pas vraiment, surtout le bruit du tonnerre. Avec ma maladresse légendaire, j'avais fait tomber ma tasse par terre qui s'était fendue, laissant s'écouler le thé.
- Oh non ! Pardon, je suis sincèrement désolée, Madame Walker !
Je sautai su mes pieds, évitant la tasse pour prendre une éponge sur l'évier. Je me mis à quatre pattes pour réparer les débats mais le tapis serait bon pour le pressing. J'étais furieuse contre moi-même : je ne savais pas bien me contrôler, résultat je ne faisais que des bêtises. Le tonnerre grondait toujours, me faisant à chaque fois sursauter. Des éclairs zébraient le ciel : on allait avoir un bel orage.
- Zut de zut ! Je suis désolée Madame Walker, je vous rembourserai la tasse et le nettoyage du tapis.
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Message par Karen Walker Mar 10 Juin - 6:27

- Je prendrais bien du thé aux fruits rouges s'il vous plaît Madame Walker. Et si vous voulez bien, je vais terminer la traduction pour mon ami, ça ne prendra pas longtemps.
Je me demandais vraiment ce que faisait Blandine dans la vie. Je n'avais pas vu son écran, et je m'interrogeais sur  la langue qu'elle avait à traduire. Soit, en fac d'histoire, elle faisait de la paléographie, de l'égyptien ou de l'hébreu, soit elle était étudiante en anglais, en japonais ou en autre chose...
J'étaignis la bouilloire avant qu'elle ne s'éteigne toute seule pour que l'eau atteigne la température juste en-dessus de son point d'ébullition. Ma grand-mère maternelle, une Australienne pur sucre qui avait toutefois gardé des habitudes de ses ancêtres britanniques, disait souvent que l'eau du true English tea devait être à 95°C. Sans atteindre la même précision qu'elle (qui était hors de question de toute manière, mesurer la température de son eau chaude, quelle perte de temps!), j'avais acquis cette habitude.
Je versai l'eau dans deux tasses après avoir préparé un sachet de thé aux fruits rouges pour Blandine et un thé noir pour moi. Quand l'étudiante arriva, la boîte à sucre était sur la table et je m'apprêtais à sortir le lait du frigo.
- Voulez-vous du sucre ? demanda la jeune femme.
-Non, merci.
En revanche, je versai du lait dans ma tasse, une autre habitude typiquement britannique que mon mari jugeait "dégueulasse". De toute manière, il classait le thé dans la catégorie des trucs imbuvables.
Blandine, elle, semblait apprécier son infusion, mais elle était nerveuse.
- Aimez-vous la littérature française, Madame Walker ? interrogea-t-elle.
Face à cette tentative d'engager la conversation, je restai pensive quelques secondes. Je n'avais quasiment plus le temps de lire depuis la naissance d'Eva.
-Hum... Je ne lis pas beaucoup en ce moment, et je ne suis pas très cultivée dans ce domaine, avouai-je. Je lis surtout des romans policiers anglo-saxons. C'est Julien qui lit beaucoup, pour son travail, des essais, des travaux de recherche, mais aussi des romans.
Un jour, j'avais demandé à mon mari pourquoi il lisait des ouvrages de fiction soi-disant pour son travail, à l'université comme dans l'Organisation. Il m'avait répondu, de manière énigmatique, "tu sais, la réalité rejoint parfois la fiction..." En ce qui me concernait, j'espérais bien que les meurtres de papier auxquels j'assistais chez John Connolly n'allaient rejoindre aucune réalité.
-Et vous, qu'est-ce que vous lisez? m'enquis-je.
Un coup de tonnerre retentit. La jeune femme sursauta, lâchant sa tasse qui se brisa sur le sol.
- Oh non ! Pardon, je suis sincèrement désolée, Madame Walker !
-Ce n'est pas grave, répondis-je machinalement, avant de voir l'étendue des dégâts.
Blandine tenta de nettoyer le sol, sans trop de succès.
-Attendez, je vais chercher une serpillère! annonçai-je en me levant.
Je me dépêchai de trouver le bout de tissu éponge orange dans la salle de bains et l'étalai sur le sol de la cuisine.
- Zut de zut ! Je suis désolée, Madame Walker, je vous rembourserai la tasse et le nettoyage du tapis.
J'étais un peu énervée pour la tasse : elle faisait partie d'une série de quatre tasses bleues que j'aimais beaucoup, et c'était la deuxième qui finissait en morceaux, la première l'ayant été grâce à Eva la fois où elle avait fait de la peinture avec.
-Oh, le tapis passe à la machine, ne vous inquiétez pas! Il en a vu d'autres...
Notamment l'épisode de la peinture, où il était devenu blanc à pois roses. Et de nombreuses chutes de nourriture, d'eau, de jus de fruits, de feutres mal fermés, et pas toujours à cause des filles.
-Pour la tasse, repris-je, c'était l'une de mes plus belles d'un point de vue esthétique, mais elle ne valait pas grand-chose.
Je ramassai les morceaux pour les mettre à la poubelle en prenant soin de ne pas me couper.
-Vous voulez un autre thé? proposai-je. Il reste de l'eau chaude!
Le tonnerre gronda au-dehors, et la pluie commença à frapper la fenêtre : l'orage explosait. Ma visiteuse semblait toujours nerveuse. Soudain, je compris :
-Vous avez peur de l'orage? demandai-je avec sollicitude.
Mon côté maternel reprenait le dessus. J'avais oublié toute mon amertume à l'égard de la jeune femme. Dans l'immédiat, elle avait l'air fragile, normale, et pas du tout celui d'une superhéroïne membre d'une Organisation secrète.
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Message par Blandine Jeu 12 Juin - 8:30

- Hum... Je ne lis pas beaucoup en ce moment, et je ne suis pas très cultivée dans ce domaine. Je lis surtout des romans policiers anglo-saxons. C'est Julien qui lit beaucoup, pour son travail, des essais, des travaux de recherche, mais aussi des romans. Et vous, qu'est-ce que vous lisez ?
J'allais lui répondre mais l'orage éclata et je brisai sa tasse. En me répandant en excuses, je tentai de réparer mes bêtises.
- Ce n'est pas grave, dit-elle immédiatement. Attendez, je vais chercher une serpillère !
Je la sentais énervée. Elle aimait bien cette tasse et c'était la deuxième qui finissait à la poubelle. J'étais vraiment maladroite et experte pour casser la chose qu'on ne devait pas casser.
- Oh, le tapis passe à la machine, ne vous inquiétez pas ! Il en a vu d'autres...
Ce qu'elle pensa immédiatement manqua de me provoquer une crise de fou rire mais heureusement, je frottai la tête baissée.
- Pour la tasse, c'était l'une de mes plus belles d'un point de vue esthétique, mais elle ne valait pas grand-chose.
Elle n'avait pas l'air d'être en colère donc je pus soupirer discrètement. Elle ramassa les morceaux de la tasse et proposa :
- Vous voulez un autre thé ? Il reste de l'eau chaude !
J'acceptai tout en tentant de ne pas montrer ma nervosité face à l'orage. C'était paradoxal : élevée en Bretagne, j'étais habituée à l'eau et j'appréciai même la pluie et l'orage. Mais parfois, mes chromosomes de félin se réveillaient et manifestaient leur nervosité face à l'orage qui grondait. C'était le cas aujourd'hui. Bien sûr, Karen n'étant pas idiote, elle remarqua que j'étais tendue.
- Vous avez peur de l'orage ?
Sa douceur maternelle était presque émouvante. J'avais peine à préparer un mensonge. Cette fois, j'allais devoir être convaincante.
- Je ... Oui, ça vient de ... de l'enfance.
Je n'allais pas lui dire : non, je ne crains pas l'orage, c'est juste génétique car je suis à moitié félin. Il fallait que Karen me croie, pense que ce n'était qu'une phobie d'enfant. Je repris un sachet de thé et je versai de l'eau chaude dans une nouvelle tasse, où j'y plongeai le sachet. Je remis un morceau de sucre et repris la parole :
- J'aime beaucoup lire surtout les romans et les pièces de théâtre. Un peu de poésie aussi de temps en temps. J'aime toutes les formes de romans, toutes sont passionnantes !
Dès que je parlais de livres, mes yeux brillaient. J'avalai une gorgée de thé. La pluie frappait à cadence régulière le carreau de la fenêtre. Je me mis à débattre avec Karen sur les polars anglais et français pendant une bonne heure accompagnée de plusieurs tasses de thé. Au final, nous tombâmes d'accord sur une poignée d'auteurs dont Agatha Christie, qui nous fascinait toutes les deux.
- Madame Walker, je crois que je vais aller me coucher. Il est presque 22h30 et je suis très fatiguée. Je suis désolée mais j'ai cours demain et il faut que j'avise sur le sort de mon paquet.
J'aidai Karen à ranger la cuisine puis pendant qu'elle allait dans sa chambre, je filai dans la salle de bains. Ma tenue de nuit serait donc ma culotte et mon tee-shirt. Je pris une douche rapide avec un peu de savon puis j'empruntai un dentifrice à la menthe qui traînait sur le lavabo pour en mettre un peu sur mon index droit qui me servirait de brosse à dents improvisée. Je quittai la salle de bains au bout d'un quart d'heure. Je souhaitai bonne nuit à Karen puis je me glissai dans mes draps. Karen me suivit dans la salle de bains. Finalement vers 23h, l'appartement fut totalement silencieux. J'entendais le bruit de trois respirations en choeur. Une des raisons pour lesquelles on m'avait assigné de garder ce paquet : mon gène félin. Tout humain normal, quand il dort, sombre dans un sommeil profond. Pas un félin. C'est donc pour cette capacité de dormir d'une oreille que j'étais de garde. A moitié endormie, je surveillai le paquet. Finalement, vers 1h, je décidai, pour m'amuser un peu, de faire discrètement le tour de l'appartement en chat. Enfin, pour être honnête, je ne visitai que le couloir des chambres, le salon, la cuisine et la salle de bains. Mais ce fut tout de même excitant car j'avais l'énorme risque d'être surprise. La nuit se passa sans encombre et ma demie nuit blanche ne fut pas vraiment troublée. Je dormis assez bien sur le canapé, enroulée dans la couette, le nez enfoncé dans l'oreiller. Vers 7h du matin, je me levai, m'habillai rapidement avec mes habits de la veille et rangeai mon lit en repliant le canapé, la couette et les draps. Je mis des tartines dans le grille pain et sortis du thé et du café, ne sachant pas ce que Karen prenait le matin. Je sortis quatre tasses, sans les casser, et les disposai sur la table avec des assiettes. Je mis enfin de l'eau à chauffer dans la bouilloire. Ma montre affichait 7h12, l'appartement allait bientôt s'éveiller.
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Message par Karen Walker Lun 16 Juin - 2:36

- Je... Oui, ça vient de... de l'enfance.
La pauvre... Je me demandais si sa crainte des orages était liée à un événement marquant de son enfance en particulier, ou si c'était une peur diffuse, inexpliquée.
La jeune femme se resservit une tasse de thé, ce qui sembla la calmer un peu.
- J'aime beaucoup lire surtout les romans et les pièces de théâtre, reprit-elle. Un peu de poésie aussi de temps en temps. J'aime toutes les formes de romans, toutes sont passionnantes !
-Comment peut-on lire des pièces de théâtre? m'exclamai-je avec une grimace. C'est comme si on lisait le storyboard d'un film, mais sans les illustrations!
A mes yeux, rien ne valait un bon gros thriller. Et encore, pas n'importe lequel...
- Madame Walker, je crois que je vais aller me coucher, déclara l'étudiante après une discussion sur la littérature policière. Il est presque 22h30 et je suis très fatiguée. Je suis désolée mais j'ai cours demain et il faut que j'avise sur le sort de mon paquet.
Je bâillai. Moi aussi, je devais me lever tôt le lendemain. J'allai me coucher dans ma chambre, après avoir vérifié que mon réveil était bien programmé pour le lendemain matin. Quand Julien était là, il me réveillait, mais cette fois, je devrais surveiller l'heure...
Quand je me réveillai, peu avant sept heures, je mis quelques secondes à me rappeler la soirée de la veille. Je m'habillai rapidement, puis allai réveiller Eva et May. Ma fille aînée savait s'habiller seule comme une grande, mais sa sœur, pas vraiment. Après avoir vérifié la tenue d'Eva -non, dans l'autre sens, ton t-shirt, ma chérie!- et fait enfiler à May son pantalon -non il n'est pas moche, allez, dépêche-toi!-, j'entendis le sifflement caractéristique de la bouilloire électrique. Que faisait Blandine?
Dans la cuisine, le petit-déjeuner était prêt. Passé un mouvement d'agacement à la pensée que mon invitée avait fouillé dans mes placards, je restai ébahie.
-Waouh, il ne fallait pas! lançai-je. Merci!
Eva commença à faire ses tartines et May à noyer ses céréales dans son bol de lait comme d'habitude. Soient elles avaient adopté Blandine, soit elles avaient oublié son existence, mais quoi qu'il en fût, elles ne la dévisageaient plus avec de grands yeux pleins de curiosité.
Je m'assis également à table, me préparai une tasse de thé et demandai à Blandine si elle avait bien dormi.
May eut rapidement terminé de manger et se leva de table, encore à moitié endormie.
-N'oublie pas de te brosser les dents! soupirai-je comme chaque matin.
Eva la rejoignit rapidement tandis que je terminais mes tartines.
-Maman, je peux prendre une crêpe comme goûter? questionna la petite fille.
J'acquiesçai, lui tendis une crêpe industrielle fraîchement sortie du placard et commençai à débarrasser la table. Je commençais aussi, en même temps, à m'inquiéter à nouveau pour le colis apporté par Blandine. Qu'est-ce que "l'université" avait décidé, en fin de compte?
-Je vais conduire les filles à l'école dans dix minutes, annonçai-je. Vous restez ici ou vous partez?
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Message par Blandine Jeu 19 Juin - 2:51

- Waouh, il ne fallait pas ! Merci !
Je souris, ravie que cet effort fut apprécié par Karen. Les filles s'installèrent à table et commencèrent à manger sans me dévisager comme hier. Karen s'assit à son tour avec moi et me demanda si j'avais bien dormi.
- Très bien, merci, et vous ? demandai-je.
La question était pour toutes les trois mais May se leva de table car elle avait fini son bol.
- N'oublie pas de te brosser les dents ! recommanda Karen.
Eva termina à son tour son petit déjeuner.
- Maman, je peux prendre une crêpe comme goûter ?
Karen lui tendit une crêpe sortie d'un emballage et commença à débarrasser la table. Je finis ma tasse de thé et l'aida en empilant les assiettes. Je la sentai nerveuse par rapport au colis.
Elle finit par me dire :
- Je vais conduire les filles à l'école dans dix minutes. Vous restez ici ou vous partez ?
- Joker, répondis-je avec humour. Non, je vais appeler l'université.
Téléphone en main, je repartis vers le palier. Coup d'oeil derrière l'épaule pour vérifier l'absence de témoins.
- Oeil.
- Nom ?
- Blandine.
- Code ?
- Radioactivité.
- Je vous écoute.
- Julien est toujours en mission, je présume, car il n'est pas rentré. Je vais me retrouver seule dans l'appartement car la famille part travailler. Je ramène le colis ?
Blanc dans la conversation. Chuchotements hors du combiné.
- Nous vous rappelons dans cinq minutes.
Et il raccrocha. Génial, et comment j'annonce ça à Karen ? Heureusement, j'avais à peine eu le temps de rentrer dans l'appartement que mon téléphone vibra.
- Oui ? Alors ?
- Vous pouvez revenir mais en faisant attention au paquet. Prenez un taxi, la course vous sera remboursée.
Je pensai que si j'hypnotisais le chauffeur, le paiement ne serait pas nécessaire mais j'étais séide de l'Organisation, mon dragon d'or exigeait honnêteté et probité. Les filles étaient prêtes, je finis de m'habiller et avec l'aide d'Eva, je rangeais les draps et la couette. Quand Karen arriva, je lui annonçais que l'université donnerait le paquet à Julien, que je devais le rapporter. Nous sommes toutes les quatre sorties de l'appartement. Je me séparai des trois autres devant l'immeuble, j'allais chercher un taxi et Karen emmenait les filles dans la direction opposée. Je leur fis la bise à toutes les trois et repartis avec mon gros paquet en fermant mon blouson.
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Message par Karen Walker Jeu 19 Juin - 10:13

Blandine sortit sur le palier pour téléphoner, comme la veille. Je me concentrai sur le rangement de la table du petit-déjeuner pour ne pas écouter ce qu'elle disait, malgré ma curiosité.
-Ils ont dit quoi ? interrogeai-je lorsqu'elle revint.
Avant que la jeune femme ne me réponde, son portable sonna à nouveau.
- Oui ? Alors ?
Alors elle repartait, et avec le mystérieux colis. Une part de moi était soulagée : bon débarras. Ce truc ne traînerait plus dans mon salon en attendant que Julien l'ouvre. Mais en même temps, j'étais presque déçue, tout d'abord du départ de l'étudiante que je commençais à apprécier, et ensuite, étrangement, que la Confrérie ne me fasse pas confiance.
Je me raisonnai, cependant : il était normal que la Confrérie ne me fasse pas confiance. Je n'étais que la femme de Julien, si toutefois les supérieurs de celui-ci connaissaient mon existence...
Après que Blandine m'eut dit dit au revoir, dans la rue, je fus vite rappelée à la réalité par Eva, qui courait pour rejoindre l'une de ses copines vingt mètres devant nous.
-Eva! Pas sur la route!
Ce n'est pas que j'oubliai l'Organisation, son colis et sa jeune émissaire au cours des heures, et même des jours qui suivirent. Ce fut, simplement, que je n'eus pas une seconde pour y penser.

Deux jours plus tard, le samedi soir, j'étais en train de coucher les filles quand Julien rentra.
-'soir, Karen, chuchota-t-il avec un sourire dans la voix.
Après un dernier bisou à May, je me retournai vers lui.
-'soir! Tu vas bien? Ton voyage s'est bien passé?
Sa médaille, à son cou, capta à cet instant un rayon de lumière en provenance du couloir.
Ah oui, l'Organisation... songeai-je.
Quoi, l'Organisation? interrogea Julien par télépathie, l'air soudain inquiet.
-Ils ne t'ont pas contacté ? continuai-je à mi-voix.
Je détestais quand il parlait dans ma tête. Je ne pouvais rien contrôler, j'étais généralement incapable de fermer mes pensées, et même si c'était Julien, j'avais l'impression que c'était la voix d'un intrus.
Pardon, ajouta Julien, je ne voulais pas t'agresser!
Je levai les yeux au ciel. Heureusement, May avait fermé les siens. Une fois de retour au salon avec mon mari, assis tous deux sur le canapé, je lui expliquai* :
-Une jeune fille est venue, mercredi soir, pour te donner un colis. Un carton assez gros, qui sonnait de temps en temps. Elle a dit qu'elle était de l'université. Une certaine Blandine, elle ne m'a pas dit son nom de famille. Elle...
-Ils ont envoyé Blandine ?
Julien semblait plutôt amusé.
-Tu la connais? m'étonnai-je.
Ma visiteuse m'avait paru jeune, trop peut-être pour être séide enquêtrice comme mon mari, mais ma connaissance de la hiérarchie de l'Organisation était assez floue. Et après tout, Blandine était peut-être vraiment étudiante en histoire...
-Je vois qui c'est, et j'ai entendu parler d'elle, oui, fit Julien. Elle s'est transformée?
-Pardon?
Je n'avais pas compris la question. Se transformer? En quoi donc?
-En chat, par exemple, dit posément mon mari.
Il adorait voir ma tête dans ce genre de moment, lorsqu'il repoussait les frontières de l'insolite encore plus loin que tout ce que je croyais possible. Parfois, je me disais qu'il plaisantait, mais il m'avait juré qu'il ne plaisanterait jamais avec ça. Pas avec moi.
-Blandine a un patrimoine génétique, hum, particulier. A ce qu'on raconte, elle peut se transformer en félin, comme sa mère, qui est Chevalier également.
J'étais abasourdie. Je pensais avoir percé la jeune femme à jour -tiens, un Chevalier!-, mais j'étais loin du compte.
-L'Organisation a demandé à Blandine de garder le colis, alors elle a dormi ici une nuit, racontai-je. Finalement, elle est repartie, avec le carton, le lendemain matin.
Quelque chose m'intriguait : normalement, les chats retombaient sur leurs pattes et se faufilaient partout. Or la jeune femme m'avait semblé plutôt maladroite... Par timidité?
Julien, qui suivait le fil de mes pensées, commenta :
-Ca doit être son côté humain...
Je ne répondis pas.
-Pour répondre à ta première question, reprit-il, mes recherches se sont très bien passées en Allemagne, l'équipe avec laquelle j'ai travaillé était super et on a bien avancé. Je te raconterai ça demain matin, si tu veux. Et je n'ai pas entendu parler de ce colis. Pas encore...

*Ceci est un exemple de rupture de construction. A ne pas faire. =/

RP FINI!
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